HervE FaYEL, ECRITS > LA BÊTE DOUCE > Jardins d'Air

TRIPTYQUE

Enlacer la marée des distances
et la nouer à la gravité de l'aplomb
dans l'éclosion de la lumière

1. D'abord

D'abord les nuages, la lumière qui en sourd
les lointains ensuite, baignés d'espace
Et puis la dis tance, l'écart, ce grand remuement qui respire
dans lequel taille la croissance tactile des branches et le cercle bruissant des frondaisons.
De loin en large

D'abord la lumière
poser la lumière, la cueillir, la recueillir, la dilater, la massifier, l'orienter,
vers les figures pour embarquer espaces, rythmes, formes & reflets dans l'ignorance du voyage
l'embarquement dans l'oubli & la profondeur qui fait éclore l'abord

D'abord

2. Le tableau

Le tableau éclôt
de toutes ses couleurs encloses
son espace s'épanouit
toutes dimensions tendues
son rythme s'agrandit, se diffuse
comme une poussée de sève.
Il développe l'origine
sa graine et ses pourquois.
Le tableau comme une fleur fruitée,
comme une source et son cours,
comme le mouvement même de la vie vécue dans l'étonnement de son accomplissement.

3. Quitter le bord

Une peinture est une image qui respire.
Diastole, systole.
Elle doit réellement ; sensiblement changer de format ; bouger du bord du cadre, être un petit océan avec ses marées hautes et basses et le coulissement des jusants.